lundi 15 octobre 2007

p'tit Québec

Je suis québécois. Un de ceux qui forme la masse. Sans histoire. Un québécois natif de banlieue.

Et moi, le québécois moyen, ces temps-ci, il vit dans un p’tit Québec.

Je vous préviens, je me lance dans de futurs explications qui ne seront ni blanches, ni noires. À vous d’y apporter la nuance nécessaire.

Notre belle province souffre d’un laisser-aller. Comme moi à l’adolescence. Un peu paresseuse, qui se laisse porter par la vie. Un étudiant se contentant la note de passage, qui ne cherche pas à performer davantage. Un laisser-aller de gars pu trop motivé à ce lever le lundi matin. Le Québec est un gars de chop. Routinier. C’est aussi con que ça.

J’arrive mal à mettre le mot exact. L’expression claire. Imaginez un espèce de dériver du concept de projet de société, mais qui n’irait pas très bien.

Je vous parle d’un laisser-aller d’un Québec qui joue à l’autosuffisance. Un endroit ou il se fait beaucoup moins d’initiative commune. De gens, qui cherchent à se connaître avant de se craindre. De personnes qui s’attardent au sort des autres. En fait, de gens qui tournent la tête pour voir qu’ils ne sont pas seul. Qu’il y a une société parallèlement à leurs vies. Un Québec qui chercherai à améliorer son sort. Je ne parle pas de nombrils bien entendu.

C’est peut-être ça que j’essaie d’élucider. Cette espèce de manque de vision, de prise d’action, de ralentissement bureaucratique. Cette chose dans l’air, tient comme un virus, qui rend le Québec numb.

Et ce laisser-aller n’est-il pas aussi visible chez le Canadiens de Montréal? Un club de hockey qui semble se contenter de son succès au guichet, sans chercher la fierté dans son propre sport.

Le Québec ne se démarque pas plus que ça. Il est maintenant un objet encore plus petit sur le globe. Avant il était pas grand chose dans un Canada, maintenant il est minuscule dans la mondialisation.

Paradoxallement, je vis dans un p’tit Québec confortablement moelleux.

Un Québec que j’essaie de m’approprier. Ou plutôt que j’essaie juste de comprendre. Je lis ses auteurs, je vois ses films, je m’intéresse à sa musique et je perdure à m’intéresser à sa politique, même si j’ai l’impression que c’est perdu d’avance.

Les plus optimistes me diront qu’un vent de changement souffle sur la province. Peut-être, mais parler plutôt de brise légère.
C’est pas par manque de visionnaires. Ni d’idées, ni de mains d’œuvres. Mais juste à cause d’un ralentissement général. Je n’arrive pas à trouver le bon mot : immobiliste? Automatiste? Non. Obscurantiste? Là, j’exagère. Bien que tout semble en mouvance, rien ne bouge véritablement.

Un p’tit Québec, tout en fromage. Pré-emballé ou en poutine. Un p’tit Québéc au goût pré-fabriqué pour que tout le monde l’aime. Rien de trop audacieux, rien de trop avant-gardiste.

Un fromage juste pour nous autre.

jf daunais